L’église

L'église Saint Jean-Baptiste est le centre du bourg de Cordemais. L'édifice a traversé le temps pour parvenir jusqu'à nous et témoigner de notre histoire.

L’église primitive

L’église primitive de Cordemais semble remonter au IVème siècle. Elle aurait été érigée par l’évêque de Nantes, Emmelius, en l’an 370. Autre hypothèse : Arisius, sixième évêque de Nantes sacré en 368, aurait édifié l’église de Cordemais.

Il ne reste pour ainsi dire aucun vestige de cette église primitive, seulement un bénitier en pierre taillée actuellement visible dans l’entrée principale de l’église.

L’église du XIème siècle

L’église primitive aurait fait place à une seconde église au XIème siècle. Elle était installée au centre du bourg, à l’emplacement actuel de la balance de pesée, rue du Commerce. Eglise de Cordemais 1875

Elle jouxtait l’ancien cimetière qui occupait la place de l’église d’aujourd’hui. De style néo-gothique, elle ressemblait beaucoup à l’église actuelle du Temple-de-Bretagne.

Au début du XVIIème siècle, l’édifice, faute d’un entretien convenable, menaçait de tomber en ruine. Il fallut donc se résoudre à une reconstruction complète de 1631 à 1634.

L’église du XIXème siècle

Le 11 mars 1746, la foudre tomba sur le clocher et le détruisit presque entièrement. Puis, un orage dans la nuit du 22 au 23 novembre 1747 exigea de nouvelles réparations. Alerté par son curé, l’évêché de Nantes admet, le 14 juillet 1864, la situation de délabrement de l’église de Cordemais : « l’état de dégradation et de ruine dans lequel se trouve l’église inspire aux habitants la plus sérieuse inquiétude. La semaine dernière, un éboulement considérable s’est produit pendant la nuit. S’il avait eu lieu pendant les offices, on aurait probablement à déplorer la mort de plusieurs personnes. La pensée du danger qu’ils ont couru effraie maintenant les paroissiens ».

Un architecte nantais, M. Henri Gilée, est commissionné pour dresser un état des lieux. Son rapport conclut à la condamnation de l’édifice : « l’état actuel de la charpente et des murs n’offre plus de garanties suffisantes de sécurité ». Il dresse alors les plans de la nouvelle église.

Évalués à 67 000 francs, les devis obtiennent l’avis favorable de la commission des bâtiments civils. Mais il faut trouver l’argent pour la construire. Le conseil de fabrique (équivalent à un conseil économique) donne l’exemple en inscrivant une somme de 15 000 francs pour l’année 1867. De son côté, M. Bouyer, curé de la paroisse, lance une souscription auprès de ses fidèles qui rapporte 33 000 francs. Sollicité à son tour, le conseil municipal vote en mai 1868 un emprunt de 15 000 francs auquel s’ajouteront 4 000 francs pris sur les « centimes additionnels portant sur les quatre contributions ». Toutefois, M. Mabilais, Maire, demande que la nouvelle église soit construite à quelques mètres de l’ancienne et au milieu de la place occupant l’emplacement de l’ancien cimetière.

Pendant six ans, le projet n’évolue plus. En février 1874, une nouvelle expertise de M. Gilée confirme une situation de plus en plus inquiétante. Félix Fournier, évêque de Nantes, autorise la mise en adjudication des travaux tandis que le 3 février, la commune réinscrit l’emprunt de 15 000 francs. Le nouveau plan, dessiné par l’architecte Mathurin Fraboulet, reçoit l’aval de M. Ancelet, conseil général des bâtiments civils, le 20 février 1874 : « Le projet présenté est d’une disposition très simple, le plan a la forme d’une croix latine franchement dessinée, le sanctuaire terminé par une abside circulaire est accompagné de deux chapelles et de deux sacristies, la nef sans bas-côtés est précédée d’un porche qui forme la base du clocher. Le style roman employé dans l’ensemble de l’édifice est bien suivi et témoigne de la connaissance qu’a l’auteur du projet de ce genre d’architecture ».

Capable d’accueillir 1 500 paroissiens, cette nouvelle proposition porte le devis à plus de 153 000 francs, dépassant largement les prévisions initiales. M. Ancelet propose donc le scindement des travaux en reportant la réalisation du clocher, des tribunes et des voûtes. En novembre 1876, le conseil municipal considère que le projet est trop vaste par rapport à une population de 2 559 habitants, sachant que certains vont à la messe à Saint-Étienne ou au Temple.

Un nouveau plan est alors soumis au conseil municipal qui en accepte les modifications. L’architecte a supprimé les absidiales des bras de croix et les deux petites chapelles de la nef ; il a réduit d’un mètre la largueur et de deux mètres la longueur de l’église, portant sa capacité à 1 000 ou 1 100 fidèles.

Sollicité pour une aide financière, le Préfet transmet le dossier au Ministère de l’Instruction publique et du Culte qui conclut que les ressources locales sont trop faibles pour envisager un tel projet. S’appuyant sur les observations présentées par le comité des édifices diocésains, il refuse d’approuver le projet. Ses remarques portent sur la réduction de l’avant-chair, la diminution de la hauteur de l’édifice, avec notamment un clocher moins élevé et moins ornementé.

Le conseil de fabrique est obligé de s’incliner devant les choix du Ministère. Le nouveau coût est ramené à 118 000 francs.

Le 22 octobre 1877, on procède à la mise en adjudication des travaux. La publication en est faite dans les journaux de Nantes depuis le 10 octobre. Les travaux reviennent à l’entrepreneur général Léon Corgnet, maçon à Nantes. La première tranche concerne la nef et le clocher tandis qu’interviendra ensuite la réalisation du transept et du sanctuaire. La première pierre de l’église actuelle est posée le 8 mai 1878.

Afin de réduire le coût des travaux, des Cordemaisiens se sont portés volontaires pour transporter le granit, de la carrière, située à Vigneux-de-Bretagne, au chantier.

Un coffret a été scellé dans la pierre. Celui-ci referme les noms des membres du conseil de fabrique et du conseil municipal de 1878.

Mais il faut attendre le 21 mai 1879 pour que le conseil municipal délibère pour la démolition de la vieille église et l’emploi de ces matériaux à la reconstruction de la nouvelle. L’évêque donne son accord tandis que le Préfet autorise, le 21 juin 1879, la démolition de l’ancien bâtiment. Les statues qui ornaient en grand nombre l’église du XIème siècle furent enterrées au cimetière.

Le 6 janvier 18eglise debut XXeme80, Mathurin Fraboulet certifie que la première partie composée du clocher et de la nef est terminée et livrée au culte depuis six mois ; que la seconde partie comportant le transept et le sanctuaire est couverte et est sur le point d’être achevée.

Mais un surcoût entraîne la suspension du chantier pendant de très nombreuses années. Une expertise contradictoire est décidée en février 1895 par la Préfecture pour régler le litige qui oppose M. Corgnet à la fabrique. Ayant réglé ce problème, le conseil de fabrique vote, le 3 mai 1896, un budget de 21 100 francs pour achever son église : « Il considère que la construction du chœur de l’église paroissiale de Cordemais est restée en suspens depuis quinze ans, que la clôture provisoire qui a été dressée entre le transept et la partie restante à construire menaçait ruine ; que le couloir servant la sacristie est absolument insuffisant ; de ce fait, le conseil accepte le devis de M. Fraboulet ». Approuvé par la commission des bâtiments civils, la mise en adjudication des travaux est faite le 31 mai 1896. Après plus de 20 ans de procédures et de travaux, l’église est enfin achevée. L’édifice d’inspiration néo-gothique, comme de nombreuses églises construites à pareille époque, accueille, enfin, les Cordemaisiens.

Mais le temps fait toujours son œuvre et, en 2001, le conseil municipal requiert une expertise complète du bâtiment. Constat : une restauration d’envergure s’impose.

Entre août 2003 et décembre 2004, l’église Saint Jean-Baptiste de Cordemais a reçu les bienfaits d’une véritable cure de jouvence. Le programme de rénovation est vaste : réfection de la toiture, reprise des parements intérieurs et extérieurs, règlement des problèmes d’étanchéité et ravalement intérieur ont été les principales phases.

Le chantier a été divisé en deux tranches successives :    le transept et le chœur puis la nef et le clocher. La rénovation s’est effectuée simultanément à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice, obligeant les différents corps de métiers à travailler ensemble.

Livrée aux ouvriers, l’église a donc fermé ses portes aux paroissiens qui se sont retrouvés provisoirement à la salle des Tilleuls. La réouverture de l’église, initialement prévue en avril 2004, s’est déroulée en décembre 2004. Juste à temps pour les fêtes de fin d’année !

Un lieu de vie

Aujourd’hui l’église Saint Jean-Baptiste domine toujours le bourg de Cordemais. L’édifice est le théâtre d’un concert annuel organisé par la municipalité depuis 2004.

Lorsque vous passerez à nouveau le seuil de l’église de Cordemais, pensez à regarder autour de vous, à observer les ornements.

Voici quelques pistes :

  • Les vitraux du chœur représentent la vie de Saint Jean-Baptiste. Posés en 1897, ce sont des dons généreusement faits par des familles ;
  • L’autel en marbre blanc d’Italie participe aux offices religieux depuis 1897. Selon l’histoire locale, une relique de la Sainte-Croix serait conservée dans la croix de l’autel, sous le ciel étoilé ;
  • La chaire fut installée au début du XXème siècle. Les quatre évangélistes y sont gravés dans le bois. Elle est surmontée d’une sculpture représentant Saint-Michel terrassant le dragon ;
  • Un chemin de croix en mosaïque illustre la passion de Jésus. Le voyage dans le temps démarre au fond, à gauche de la nef. Il a été apposé en 1943. Les quatorze stations ont été offertes par des familles de la paroisse ; tableau eglise
  • À gauche de l’autel, un Christ sans bras au front ceint d’un bandeau sacerdotal, au lieu d’une couronne d’épine, incite au recueillement ;
  • De chaque côté de l’autel, vous remarquerez deux bannières : la bannière de la Vierge avec Saint-Joseph au dos et celle de Saint Jean-Baptiste. Saint Jean-Baptiste est facilement repérable grâce au mouton qui l’accompagne ;
  • Quelques statues ornent l’église de Cordemais. Autre que celle de Saint Jean-Baptiste, vous pourrez admirer Jeanne d’Arc, Sainte Anne, Sainte Bernadette ou encore Saint Antoine de Padoue…
  • Plusieurs tableaux s’offrent à votre regard. La plupart sont des copies données par l’état sauf un qui date probablement de l’église primitive sans que les experts aient pu déterminer avec précision sa date de création.

Dernière information : grâce aux dons des fidèles, trois cloches sont achetées par la paroisse. Elles sont baptisées la 14 mai 1922.

La première, Marie Madeleine Jeanne Adrienne, donne le mi. Elle pèse 1 099 kg. Son parrain est l’Abbé Paillusson, ancien curé de Cordemais et sa marraine Adrienne Guilbaud, veuve A. Simon.

Avec ses 770 kg, Marie Louise Augustine donne le fa dièse. Son parrain est Louis Chevalier, maire de l’époque, et sa marraine Marie Louise Mabilais veuve Chauveau.

Alphonsine Marie Louise et ses 547 kg donne le sol dièse. Ses parrain et marraine sont Louis Fairand et Marie Maugendre épouse L. Simon.

À l’initiative de l’abbé Pouvreau, les cloches furent électrifiées. Pour cela, la municipalité vota une participation de 200 000 francs en juillet 1953.

Si vous souhaitez, à présent, découvrir par vous-même l’église Saint Jean-Baptiste, nous vous invitons à vous présenter lors des offices religieux des jeudis et samedis matin ou à prendre rendez-vous auprès du représentant de la Paroisse Saint Luc de Bretagne, M. Lecerf.

Enfin Cordemais a réussi à préserver une partie de son patrimoine historique dont l’église Saint Jean-Baptiste. Ces témoignages de la vie passée sont à portée de vos yeux surtout !

Partager cette page sur :